L’érythème pigmenté fixe (EPF) est une dermatose d’origine essentiellement médicamenteuse. Le diagnostic est simple, mais parfois l’imputabilité du médicament responsable est difficile à établir.

Il s’agit d’une étude rétrospective ayant colligé tous les cas d’EPF signalés au centre de pharmacovigilance de Sousse sur une période de 6 ans (2009–2015). L’imputabilité des différents médicaments suspectés est établie grâce à l’échelle d’évaluation des effets indésirables de Naranjo. Les paramètres analysés sont : les caractéristiques épidémiocliniques, les médicaments incriminés et la durée de l’intervalle libre séparant la prise médicamenteuse de l’apparition des lésions. Les patch-tests ont été réalisés suivant les recommandations internationales de ENDA (European Network for Drug Allergy).

Nous avons recensé 11 cas d’EPF. L’âge moyen était de 47 ans avec un sex-ratio de 2,6 F/H. Sur le plan sémiologique : 6 cas (54,5 %) avaient des plaques hyperpigmentaires et 5 cas avaient des lésions bulleuses (45,5 %). La face était le site le plus touché (63 %). Le délai entre la prise médicamenteuse et l’apparition des lésions a varié de 15 minutes à 15 jours. La classe médicamenteuse la plus pourvoyeuse d’EPF était les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Le paracétamol était imputé chez 3 cas. Par contre, l’imputabilité médicamenteuse n’a pas été établie chez deux cas. Les patch-tests ont été réalisés pour 6 patients et se sont révélés positifs chez 4 d’entre eux.

L’EPF est une toxidermie bénigne mais la réexposition au médicament causal peut conduire à une généralisation des lésions. À travers cette étude, nous soulignons la prédominance des AINS dans l’induction de l’EPF d’une part, et l’apport des tests cutanés pour identifier le médicament causal, d’autre part.